La spiruline est un véritable accumulateur d'oligoéléments, capable de se gorger en fer au point d'être la meilleure source de fer bioassimilable qui soit. Mais qu'en est-il des métaux lourds ?
La spiruline, un bioaccumulateur exceptionnel
La spiruline accumule un grand nombre de métaux lourds s'ils sont présents dans son environnement. Cette propriété rend nécessaire une attention particulière portée aux intrants utilisés dans la culture de la spiruline et en particulier de l'eau. C'est aussi la raison principale pour laquelle tous les producteurs sérieux cultivent leur spiruline plutôt que de la récolter en milieu naturel dans des environnements impossibles à contrôler. Et la raison pour laquelle tout utilisateur de spiruline ferait bien de s'intéresser à la traçabilité de la spiruline qu'il achète ! Un exemple dramatique de l'absence de contrôle sur une production de spiruline à grande échelle a éclaté au grand jour en 2012 sur des productions chinoises, qui sont aussi celles qu'on retrouve presque systématiquement quand l'origine du produit n'est pas mentionnée sur l'étiquette. En effet, en 2012, la CFDA, l'organisme en charge de la protection de la santé publique en Chine Populaire, a mis en évidence des contaminations en plomb dans 6 des 8 marques de spiruline testées, avec des dépassements de seuils allant jusqu'à 820 % ! Il ne s'agit aucunement de dévaloriser la production chinoise en général mais bien de se rendre compte que les métaux lourds sont une crainte justifiée et qu'en tant que consommateur sensible à la qualité de sa spiruline, mieux vaut se poser des questions car il n'y a fondamentalement jamais de contrôles sanitaires en Union Européenne (ni à l'importation, ni à la production).
Une qualité le plus souvent au rendez-vous ?
Fort heureusement, si l'on en croit une récente étude saoudienne, les risques de tomber sur une mauvaise spiruline semblent minimes et la fiabilité semble le plus souvent au rendez-vous. Dans le cadre d'une étude intitulée « Analyse de métaux lourds dans des produits commerciaux de spiruline destinés à l'alimentation humaine », Naif Abdullah Al-Dhabi de la King Saud University a réalisé des analyses sur 6 métaux lourds sur 25 échantillons de spiruline pure achetés dans 8 pays différents (Australie, États-Unis, Japon, Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande, Canada et Inde). Ces produits d'origines diverses ont tous satisfait aux normes alimentaires en vigueur, ce qui est très rassurant après le grand scandale de la spiruline chinoise teintée au plomb. Très complète sur ce qu'elle analyse cette étude passe à côté de plusieurs choses :
- elle n'a pas mis en évidence les origines des différentes spirulines
- elle n'a pas cherché à analyser systématiquement les spirulines issues des principaux producteurs mondiaux
- elle a ignoré deux possibles contaminations importantes : le plomb (Pb) – pourtant on l'a vu plus haut, déjà mise en cause dans un grand scandale alimentaire, discrètement ignoré à l'étranger –, le cadmium (Cd).
La référence : « Heavy metals analysis in commercial Spirulina products for human consumption », Saudi journal of biological sciences 20:383–8 (2013). Dans notre expérience, il y a trois types de spiruline présentant un risque caractérisé de contamination aux métaux lourds :
- les spirulines récoltées dans des lacs, environnements non-contrôlés et souvent pollués
- les spirulines à origine indéfinie, l'absence de repères d'origine cachant probablement un approvisionnement au moins coûtant avec peu de regard porté sur la qualité du produit
- les spirulines artisanales de mauvaise qualité, installées sans analyse préalable de leur environnement et la qualité de leur eau.
Pour en revenir sur le scandale de la spiruline chinoise contaminée au plomb, les informations sont très lacunaires à ce sujet. Seule la presse chinoise y a fait écho, et c'était le premier gros scandale alimentaire ayant fait les titres de la presse locale après l'affaire du lait contaminé. Malheureusement, les détails nous manquent et en l'absence de plus d'informations, nous préférons éviter de critiquer la spiruline chinoise en bloc, conscients du fait que c'est un réflexe un peu facile. Le scandale concernait plusieurs marques de revendeurs dont certains utilisaient exclusivement de la spiruline provenait du lac Chenghai, situé dans le Yunnan en Chine continentale – U-Ways (尤维斯) et Green-A (绿A) en particulier. Le lac Chenghai a la particularité d'être le lieu de l'une des très rares productions significatives de spiruline en milieu naturel et représenterait de l'ordre de 40% de la production de spiruline au monde, inondant les marchés mondiaux grâce à son faible coût. Mon impression personnelle, issue d'une connaissance d'autres lacs était a fortiori que ces problèmes de contamination potentielles concernaient donc sans doute plus de 50% de la production mondiale. Un message peu rassurant quand on cherche un produit bon pour la santé, dans le cadre d'une cure détox par exemple ! Encore une fois, je n'accuse personne et force est notamment de constater que les alertes lancées par la CFDA n'ont pas été accompagnées de mesures publiques particulières en UE, aux États-Unis ou en Australie. Quant à la production de Chenghai, elle continue. Est-ce à dire qu'il s'agissait d'un simple incident ponctuel ? Que le problème a été corrigé ? Ou qu'il a tout simplement été ignoré ?
Derrière Gourmet Spiruline, des processus de contrôle très rigoureux
Dans le cadre de notre approche qualité et hygiène, nous faisons en sorte d'obtenir une spiruline de qualité sanitaire irréprochable. Pas très difficile quand on s'en donne les moyens. En plus des analyses bactériologiques sur chaque lot, nous travaillons avec un laboratoire indépendant accrédité pour réaliser des analyses de métaux lourds environ deux fois par an sur chacune de nos origines commercialisées, et bien évidemment un travail en amont. La base sur toute exploitation de spiruline est claire :
- analyse des conditions locales
- analyse des intrants
- analyse régulières du produit fini.
En conclusion, la spiruline, oui évidemment, mais pas n'importe laquelle !