Le professeur Sevelinge, fondateur des laboratoires Dietaroma, était un véritable visionnaire dans son approche de la santé au naturelle et de l'écologie. Sa petite fille nous raconte le parcours et la vie de cet homme de conviction. Découvrez son histoire passionnante dans cet article.
Votre grand-père a été véritablement visionnaire dans sa conception de la santé qu’on appelle aujourd’hui « holistique », en misant sur des actifs naturels avec une vraie longueur d’avance. Connaissez-vous ce qui l’a conduit sur la voie de la recherche en phyto-aromathérapie ?
Mon grand père vient d’une famille travaillant la terre : la vigne dans la région de Solutré puis ses parents étaient pépiniériste à St Bonnet de Joux, au cœur du Charollais. Il connaissait la terre, les plantes et le monde agricole. Ses 3 frères et sœurs travaillaient aussi la terre les fleurs et les arbres fruitiers.
Pendant ces études de pharmacie, il a rencontré Max Fesneau, étudiant en chimie qui était aussi très intéressé par les huiles essentielles. Max Fesneau a écrit plus tard un livre co-signé avec le Docteur Fabrice Bardeau sur les Huiles essentielles.
Mon grand-père travailla dès 1927 à la faculté de pharmacie de Lyon sur les huiles essentielles et participa à la redécouverte de leurs propriétés. Ses résultats sont publiés en 1929 dans sa thèse sur l’huile essentielle de menthe.
Mon grand père lisait beaucoup et était en perpétuelle écoute et recherche. Il avait ce bon sens des gens de la terre et acquis une formation très large (diplômé en hygiène, botanique et microbiologie), ce qui lui permettait de comprendre beaucoup de choses. Il avait toujours un déclic d’avance. Ce qui, en son temps, le faisait passer pour un « fou », un passionné excentrique. Il sentait déjà l’intérêt d’une alimentation saine, d’une hygiène de vie équilibrée et était très sensible au respect de la terre et des hommes.
Il était écologiste avant l’heure même si ce courant n’était pas vraiment présent dans les années 1940-50. Quand je vois aujourd’hui comme ces idées étaient modernes, avant-gardistes, osées pour leur temps, je réalise qu’il était vraiment visionnaire. Ouvert, curieux, passionné, généreux et proche de la terre, mon grand père avait aussi une santé de fer qui lui permettait d’avoir des journées très remplies et de ne pas compter son temps.
Il a eu plusieurs procès par l’ordre des pharmaciens car il voulait surtout continuer à proposer ses formulations propres, ce qui lui fut reproché par ses confrères. On était alors en pleine période de l'utilisation des antibiotiques dans les années 40-50, ne l'oublions pas ! Il a alors dû trouver une autre activité car il a été temporairement interdit d'exercer. Il a alors pensé à la fabrication de produits à base de plantes et huiles essentielles. Ce problème professionnel l'a finalement ouvert sur son activité future, la formulation et le partage de ses convictions et ses connaissances.
Au début, il avait un petit laboratoire proche de sa pharmacie où il développait des formules, testait des mélanges...Puis dans les années 40, il ouvre une officine dans son village natal, à Bourg-de-Thizy (69) : il acquière le bâtiment Phytaroma - Diétaroma, ancienne usine textile, et a fait baptiser la rue nouvelle : rue Claude Bernard. Dans son laboratoire, il y avait d’ailleurs une citation de Claude Bernard, un médecin chercheur dont il aimait l’esprit libre et l’âme de chercheur. " Le microbe n'est rien, c'est le terrain qui est tout...". C’était son avis aussi : il faut renforcer le terrain celui de la terre comme du corps humain.
Rapidement les gens viennent de loin pour bénéficier de ses préparations magistrales à base de plantes et d’huiles essentielles. Les connaissances scientifiques et ses nombreuses lectures permettaient à mon grand père de faire la part des choses concernant la médecine conventionnelle, tout en intégrant des méthodes dites douces, différentes comme aromathérapie, la gemmothérapie, la phytothérapie... et autres types de soins non conventionnels.
Il avait un laboratoire où il faisait ses essais d’efficacité notamment pour comparer la puissance des huiles essentielles pour combattre certains germes ou maladie. Sa passion, son enthousiasme l’ont fait rencontré de nombreuses personnalités, des précurseurs comme la famille Lemaire qui a été aussi au début de l’agriculture biologique, le docteur Louis-Claude Vincent (qui a crée en 1948 la Biolectronique qui analyse le terrain biologique de chaque individus) et bien d’autres qui ont poursuivi ensuite son chemin comme le Docteur Valnet, Philippe Desbrosse qui a crée la ferme de Sainte Marthe, Jean Claude Rodet, Nicolas le Jardinier qui était aussi un grand ami.
Il a cotoyé la famille Lemaire qui était à l’origine de l’agriculture biologique dans les années 1950. Il a participé à la création de l’école d’agriculture biologique de Beaujeu dans le beaujolais auprès de Suzanne et Victor Michon. Il a participé à de nombreux salons en France comme à l’étranger et animé beaucoup de conférences. Il a travaillé auprès de vignerons en Champagne pour développer des produits naturels pour lutter contre les maladies de vigne (son arrière grand père était vigneron vers la Roche de Solutré, il fut chassé par le phylloxera qui avait détruit beaucoup de vignes).
Ses rencontres et son esprit enthousiaste et créatif lui ont permis de participer à de nombreuses entreprises. Il aimait tester et formuler des produits naturels et a crée ainsi des produits pour les sols, les animaux, les humains.
Petite anecdote qu’il m’a rapporté, quand il passait le produit contre les maladies et les insectes (qui deviendra Phytolinsect) sur les vignes de Champagne pour le tester, les vignerons voisins moqueurs disaient : « Tiens, y’a Sevelinge qui passe son eau de Cologne. » car l’odeur de plantes du produit était forte.
Ses rencontres et son esprit enthousiaste et créatif lui ont permis de participer à de nombreuses entreprises. Il aimait tester et formuler des produits naturels et a crée ainsi des produits pour les sols, les animaux, les humains.
De la même façon que le choix de la phyto et de l’aromathérapie, miser sur les magasins bio encore peu connus dans les années 60 était un choix inspiré, et fait deviner une vraie cohérence dans les choix. Pouvez vous nous en dire davantage sur sa démarche ?
Pour les magasins diététiques, il avait été contacté pour développer une gamme de produits qui puissent être vendu dans magasins de diététique et de régime (on les appelait ainsi en 1960), ceci parce que ces boutiques étaient intéressées par des produits du type de ceux commercialisés par Phytaroma en pharmacie.(mélange d’extrais de plantes et d’huiles essentielles).
Philaromal est né de l’utilisation d’un levain crée dont la fabrication était faite par une société appelée alors la société du levain qui était une filiale de Phytaroma, puis Diétaroma. Cette société fabriquait un levain réalisé à partir de graines germées biologiques séchées broyées et qui était utilisé dans certains pains biologiques comme levain naturel ; Ce levain était au départ vendu aux boulangers pour faire des pains bio ou de meilleurs qualités. Il fut ensuite utilisé dans certains produits lacto fermentés liquide fabriqués à base d’extraits naturels de plantes (Levain Pin Serpolet, Levain prêle…) et dans Philaromal sous forme sèche.
Mon grand père était un grand formulateur, nombre de produits même actuels ont eu pour base une de ces idées géniales d’association d’actifs naturels. Il misait déjà sur la qualité des actifs employés et leur naturalité ; Ces produits étaient des valeurs sures ! Faut il le rappeler, le nom Diétaroma est l’association des termes Diététiques et aromates (dans le sens plantes aromatiques donc huiles essentielles) et Phytaroma (aujourd'hui Phytaromasol) de Phytothérapie et Aromate.
Bénédicte Chirol
Petite-fille du professeur Sevelinge